“Peu avant la dernière guerre un petit garçon utilise pour la première fois dans la rue la boîte de peinture à l’huile que ses parents viennent de lui offrir. On est du côté de la rue de l’Abreuvoir à Montmartre. Un homme à la jambe de bois lui achète la peinture et l’emmène dans son atelier pour payer son dû. C’était Gen Paul, c’était Gougerot, c’était son premier client, celui avec qui il allait travailler dix ans plus tard.
Entre-temps, avant le service militaire, il trouve un petit boulot à l’Académie Frochot où il rencontre et où il travaille avec Jean Metzinger. Puis presque par hasard il se retrouve dans l’atelier de Gen Paul où ils passent plusieurs années d’amitié et de rencontres diverses, littéraires et picturales. Il s’installe ensuite dans son atelier actuel de la rue Caulaincourt. Bores, Tal Coat, Pignon et les peintres de l’Ecole de Lyon Truphemus, Cottavoz, s’inscrivent et le guident dans sa démarche. Vient alors le choc, Nicolas de Staël qui sut sortir de l’abstraction pour revenir à la figuration et confirmer à Gougerot que l’on peut peindre en opposition au “gang de l’abstraction avant !”.
La suite c’est la continuation inlassable de cette écriture, de la rigueur qui fait de sa peinture une œuvre inclassable, effaçant les influences de La Fresnaye, Morandi, Bram van Velde pour revenir à ses vraies sources : les fresques romanes, l’art africain, l’antiquité perse et égyptienne. Pierre Gougerot n’a pas besoin de signer ses toiles, sa peinture est unique.”