Adolphe Willette (1857/1926)



Adolphe Léon WILLETTE

Peintre, dessinateur et écrivain.

Châlons-sur-Marne 31 juillet 1857 - Paris 4 février 1926.

Fils d’un colonel qui fut aide de camp du maréchal Bazaine, il est entré aux Beaux-Arts à l’âge de dix-huit ans dans l’atelier de Cabanel. Il arrive à Montmartre en 1882, et loue avec le docteur Willette, son frère, un atelier au 20, rue Véron. Expose au Salon de 1881 (“Tentation de saint Antoine”) jusqu’en 1887. A cette date, il se consacre exclusivement au dessin et à la lithographie, et participe à la création du “Chat Noir” de Salis, qu’il a décoré du fameux “Parce Domine” (1884), auj. en dépôt au Musée de Montmartre. Il collabore à la presse : Le Chat Noir, Le Courrier français, Le Cocorico, Le Pied de nez, L’Assiette au beurre, Le Rire, La Baïonnette (1915-1920) et fonde Le Pierrot qui fit faillite. Il est peu de journaux de cette période auxquels il n’ait participé, y compris la presse anarchiste. Willette décore de nombreux cabarets et restaurants de la Butte : l’auberge du Clou, la Cigale (Plafond, 1894), le hall du bal Tabarin, la Taverne de Paris, et un salon de l’Hôtel de Ville.

Avec Henri Rivière, Willette fait partie du groupe de peintres et d’artistes du “Chat Noir”, entouré de Maurice Donnay, Emile Goudeau créateur des Hydropathes, le poète Rollinat ; auxquels se mêlent Lautrec, Signac, Pissarro, van Gogh, Anquetin, Seurat. Il se brouille avec Salis en 1888, et se joint à ce qu’on a appelé le groupe du Courrier Français, où se trouvent Forain, Henri Pille, Chéret. Charles Ziedler et Joseph Oller lui commandent le décor de la façade du Moulin-Rouge pour son inauguration (5 octobre 1889), il crée donc le fameux moulin qu’il peint en magenta. La Nationale des Beaux-Arts de 1901, expose cinq numéros dont “la France désarmée sera encore la plus belle”, “Bébé bourreau”. Son dessin plein de verve lui vaut la célébrité notamment pour ses personnages Pierrot et Colombine, légers et sentimentaux, entourés d’amours joufflus.

Willette prend une part considérable dans le renouveau de la lithographie et de l’affiche, à la fin du XIXe siècle. Il met en scène les grisettes, les marmitons, les rapins, les voyous, les cantinières, les soldats, tous les caractères qui composent un monde poétique et allégorique, parfois ironique voire cruel. Il est piquant de noter que Willette, auteur de dessins libertins et volontiers anticléricaux, à la fin de sa vie par prudence se tourne vers la religion, au point d’émettre le vœu qu’après son décès on célèbre une messe chaque année pour les artistes disparus. A t-il été influencé par le pari de Pascal ?

Certaines affiches, peu connues, qu’il crée à la fin des années 1880 lui auraient valu de nos jours bien des ennuis. On a donné son nom à l’ancien square Saint-Pierre, devant le Sacré-Cœur ; remarquons que cette dénomination ne figure pas dans la nomenclature officielle des rues de Paris.

Le Musée des Arts Décoratifs lui consacre, en 1911, une grande rétrospective ; Apollinaire en rend compte dans l’Intransigeant : “L’art de Willette consiste surtout en une alliance charmante de l’esprit et de la poésie, de la peinture et de la chanson, de l’allégorie et de la vie même. S’il y a beaucoup de gaieté et d’insouciance sur tous les visages de ses tableaux, l’on y découvre aussi de la mélancolie”.

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Dictionnaire des Peintres à Montmartre


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